La confusion entre interprétariat et traduction est fréquente et pourtant, il s’agit bien de métiers différents. Même si les deux font appel à des compétences communes, notamment la maîtrise de la langue source et de la langue cible, traduire un document écrit ou une conversation constitue deux gymnastiques bien distinctes. Quelles sont les similarités et les différences entre interprétariat et traduction ?
L’interprétariat, un travail instantané
L’interprétation repose sur la langue orale. En plus de l’emploi des mots, elle emprunte des canaux linguistiques spécifiques comme la rhétorique, la gestuelle et l’intonation que l’interprète doit restituer pour être fidèle au ton employé par l’intervenant. Contrairement à la traduction, l’interprétation :
- Se déroule en temps réel pour l’interprétation simultanée ou quasi réelle pour l’interprétation consécutive
- Requiert une grande aisance à l’oral, dans la langue maternelle comme la langue étrangère, ainsi qu’une forte résistance au stress
- Impose un rythme très intense et éprouvant à l’interprète qui doit, dans un laps de temps excessivement court, réceptionner l’information, la comprendre, la gérer et la restituer. En un quart d’heure, l’interprète gère 150 mots par minute, soit autant qu’un traducteur en une journée. Il n’a pas le temps de se documenter comme le font les traducteurs : il doit résumer l’idée principale émise par l’intervenant en l’adaptant dans la langue traduite, de manière rapide et concise, et ne dispose d’aucune marge d’erreur. En outre, tout en restituant dans la langue cible le message de l’intervenant, il doit conserver le fil de ce qu’il dit
- Nécessite un travail préparatoire : si l’interprète ne dispose d’aucune aide lorsqu’il exerce, il prépare le travail , notamment en sélectionnant le matériel approprié en fonction de l’événement, de la qualité sonore recherchée, du budget alloué et de la configuration des lieux. Il s’agit par exemple une cabine d’interprétation pour une conférence ou un séminaire, ou un bidule pour les visites guides d’usines ou d’entreprises
- Impose moins d’exigence en matière de tournures de phrase, l’essentiel étant d’être clair et fidèle au message d’origine.
La traduction, une tâche plus posée
La traduction consiste à transposer un texte écrit, un fichier audio ou vidéo de la langue source à la langue cible sans jamais passer par le langage oral. À la différence de l’interprétation, la traduction :
- Laisse au traducteur le temps de s’imprégner du document, d’y réfléchir, de faire un travail de recherche
- Nécessite une parfaite maîtrise de la rédaction dans la langue cible
- Demande au traducteur d’utiliser le contexte, et d’effectuer des recherches sur le thème du texte traduit
- Exige un certain perfectionnisme, ce qui explique qu’il gère 2 000 à 3 000 mots par jour, soit autant qu’un interprète en quinze minutes.
Les points communs entre interprétariat et traduction
Finalement, ce qu’ont en commun interprétariat et traduction, c’est essentiellement la nécessité:
- De maîtriser la langue source et la langue cible
- De restituer fidèlement le message d’origine dans la langue cible
Dans le dictionnaire, les définitions de l’interprétariat et de la traduction sont quasiment similaires. Pourtant, l’interprète et le traducteur exercent deux professions distinctes. Bien qu’accordant beaucoup de temps à la préparation, le premier réalise un métier d’information et de communication qui se déroule dans l’instant. Le second est un spécialiste de la linguistique qui dispose d’un délai pour faire les recherches et les vérifications qui lui permettront de traduire fidèlement un écrit, un fichier audio ou vidéo.